Ivresse Ascentionnelle

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                    Situation :  Castellfollit de la Roca (Catalogne)                 Durée : 2h AR

                    Développé : 387 m                                                                 Altitude : 438 m

                    Profondeur : 19 m                                                                  Difficultés : R2,  ramping

C'est sous une pluie persistante qui ne change que peu de l'hiver passé que nous décidons d'une petite évasion en Espagne pour espérer croiser quelques éclaircies. Ainsi direction la Garrotxe et ses petites merveilles souterraines, il faut dire que pour le choix du jour, mon chéri a eu bon oeil! Car en effet, les Balmes d'En Caxurma sont géologiquement aussi remarquables que surprenantes...

Faites de volumes ultra-cubiques naissants de l'empilement de blocs monstrueux millimétriquement en équilibre, on pourrait presque croire qu'elles ont été taillées par la main d'un perfectionniste. Du jamais vu pour nous deux, il est si rare de sillonner de telles galeries...  On se régale donc des angles parfaits que l'on y trouve, des arêtes saillantes qui jouxtent le cheminement ci et là, des effets de lumières se jouant comme par magie du profilé, soit, on laisse divaguer l'imagination jusqu'à se croire enfant dans un labyrinthe de legos gigantesques. Amateurs de clichés en monde souterrain, vous serez comblés!

Voici une grotte à ne pas rater en passant dans le secteur, qui ne suscite pas de matériel particulier mais qui demande toutefois un peu de prudence dans la progression, la galerie étant un zeste sportive et très accidentée.  

Quant aux gravures qui la jalonnent, nettement commentés par nos voisins espagnols, on notera surtout du grand art de 1992 sans intérêt mais juste dommageable. Toutefois, on parvient à les oublier face aux nombreux petits nez roses de chauve-souris qui gesticulent en tous recoins car bien éveillées en cette période. Faunistiquement, quelques escargots noirs à la coquille jaune translucide peuvent également s'observer. Nous supposons qu'il s'agit d' "Oxychilus Daparnaudi", relativement communs, observés pour la première fois par Beck en 1837. 

La visite du 29/04/2018, en images : 

Fiche cavité

Localisation

L'entrée se fait par un petit passage entre des blocs, en contrebas du sentier d'accès, et descend doucement dans un vaste porche où se trouvent plusieurs gravures sur des blocs empilés les uns sur les autres de façon impressionnante. À gauche du porche, emprunter la galerie basse de type vestibule où se trouve une première diversion impénétrable après quelques mètres (sur le droite). A l'opposé emprunter un passage étroit qui donne sur un redan de 2 m à descendre. On arrive dans une vaste galerie dont la première diversion (sur la gauche) s'arrête rapidement. Partir sur la droite entre les blocs, dans une galerie plus importante et très accidentée par des ascendants, des rampes et des petits éléments saillants. Au long de cette galerie on remarque différents comportements géologiques. Après un petit ressaut à escalader facilement on parvient à un carrefour de branches. Emprunter celle de droite qui donne sur une série de petites galeries menant, à droite à la dernière fourche, à une courte rampe ascendante qui donne sur l'ouverture N de la grotte.
À cette fourche, par la branche de gauche, on accède à une galerie parallèle à la première dont le toit est plus élevé. Elle ramène à la première galerie accidentée et à l'entrée.

Structurée selon une grille orthogonale de fractures, avec de nombreuses roches sédimentaires sous forme de clasts, cette cavité offre un itinéraire accidenté qui suscite plusieurs escalades et désescalades.
Étant donné sa structure labyrinthique, une cordelette discrète au sol ainsi que des signes différents (flèches, points) ont été mis en place pour diriger le visiteur.
Dans l'une des antichambres, on trouve un mur avec de nombreuses inscriptions et gravures plus ou moins anciennes.

D'un point de vue lithologique, le matériaux retrouvé dans la baume d'en Caxurma est complexe. Selon la carte de l'Institut géologique, il est bleuâtre avec des lutites calcaires et selon la carte géologique de la CPI ce serait un grès sédimentaire. Provenant du Lutécien, on pourrait dire que les deux lithologies sont acceptables, bien que le seconde parait plus appropriée.

Historique

Connues localement depuis des temps immémoriaux, les Balmes d'En Caxurma auraient abrité des hommes voilà un siècle selon des documents anciens retrouvés. D'ailleurs, Norbert Font i Sagué (le célèbre découvreur de la "Fou de la Bor") fit référence dans son catalogue de 1897 à une cavité dénommée la "Cova del Vaquer (ou Baquer)" qu'il situait sur ce même massif et qui était occupée. Nombreux sont ceux qui pensent qu'il s'agissait bien des Balmes d'En Caxurma autrement appelées.

Plus récemment, la première référence spéléologique fut établie par des membres d'une délégation d'Olot du Centre Excursioniste de Catalogne vers le milieu des années 1940. Par suite, il faudra attendre la fin des années 1960 et l'année 1970 pour que plusieurs campagnes d'explorations soient menées en Garrotxe par les membres de l' ERE-CEC dirigés par J.A. Raventós et O. Escolà qui ne topographièrent que partiellement la cavité en 1972. Ce n'est qu'en 1980 que plusieurs spéléologues (J.Borràs, JM.Miñarro et F.Talavera) complétèrent la topographie jusqu’à sa publication dans le catalogue spéléologique de Catalogne.

Bibliographie

•  J.Borrás, JM.Miñarro, F.Talavera - Catàleg Espeleològic de Catalunya : el Ripollès, la Garrotxa i l'Alt Empordà - Vol 4 ; 296 pp ; 1980 ; Políglota. Barcelona.

 Remarques