Ivresse Ascentionnelle

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Sources de l'Agly

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                 Situation :  Camps sur l'Agly                      Durée : 1h30 AR

                Développé : 300 m                                        Altitude : 610 m

                Profondeur : 13 m                                         Nbre Siphons : 3

                Difficultés : ressaut, opposition, étroitures, balcon, plongée

 

Reconnue en avril mais trop en eau, nous avions décidé de revenir en période d'étiage pour visiter cette cavité creusée par la source de l'Agly.

Sans pluie depuis des mois, nous nous attendions à pouvoir accéder sans difficultés au premier siphon. Or, étonnamment, le niveau d'eau important et présent dès la grande fissure nous a rapidement stoppé dans notre élan. En effet, plus 2 à 3 mètres d'eau inondaient en ce 15 août un beau linéaire du lit, fortement jouxté de gros blocs effondrés du plafond. Après un passage un peu délicat en balcon, nous avons toutefois réussi à visiter la galerie supérieure, une diaclase étroite, sur sa cinquantaine de mètres.

En aval, l'entrée ne présente aucunes difficultés. Elle s'ouvre sur une galerie de belles dimensions au plancher stable fait de sable et de galets bien alluviaux sur une trentaine de mètres. Toutefois l'itinéraire se corse très rapidement dès le premier changement de direction marqué par un petit ressaut facile. A ce niveau, la progression se fait dans une diaclase plus ou moins étroite jouxtée de blocs effondrés de belles dimensions. Quelques contorsions sont indispensables pour traverser, en passant un coup sur les blocs ou dans les étroitures de leurs arêtes saillantes. L'ensemble se veut bien évidemment étriqué par une largeur de faille limitée bordée de parois lisses et inclinées. Quelques pas en opposition ne peuvent donc s'y épargner. Au delà de ces obstacles, l'accès à la galerie supérieure s'est révélé fortement délicat au gré d'un passage en balcon très incliné et fort glissant surplombant une eau limpide, très froide, laissant percer quelques belles saillies rocheuses tranchantes. Toute chute aquatique aurait eu très certainement des conséquences douloureuses… De toute façon, c'est bien connu, contrairement à l'escalade, aucune chute n'est admise en spéléo.

Dans l'ensemble, la cavité se veut typiquement alluviale. Peu de concrétions hormis dans la seule zone d'écoulement gravitaire permanent au niveau de l'entrée. Le chaos de blocs qui jouxte le cheminement montre la puissance des eaux dans le restant de la galerie où l'écoulement se fait de façon quasi permanente en charge.

Toute visite de cette grotte est donc à proscrire en période à risque, hivernale ou orageuse. La force du courant y est telle qu'elle coincerait rapidement l'intrépide fou qui s'aventurerait dans ce chaos de blocs jusqu'à la noyade. En même temps, nous parlons bien de la source du second plus grand bassin versant du département des Pyrénées Orientales...

Au delà des phénomènes hydrologiques observables, nous avons été surpris par les fossiles de diptères recouvrant les parois (type tipule, limoniidae ou famille proche, vulgairement les "cousins"). Insectes de l'année, ils ont tous été pétrifiés vivants en position de repos, soit par la calcite soit par une moissure de développement rapide, de quoi surprendre vu le nombre et faire de jolis clichés!

Pour la dernière remarque, le sentier d'accès traverse une zone de buis. En avril, ces arbustes présentaient un joli vert sombre agréable. En ce 15 août, le dévaste était bien mené... par l'invasion de la Pyrale du buis.  Le secteur de Bugarach a, comme partout ailleurs, bien souffert cet été. Quel fléau ce papillon!

 

La visite du 15/08/2018, en images :

 

Fiche cavité

 

Localisation

 

La grotte des Sources de l'Agly est située en contrebas de la route départementale D14 reliant Camps sur Agly et Bugarach, 2 km avant le col du Linas en venant de Camps sur Agly.
 
Une alcove en terre au niveau de l'accotement de la RD14, à 150 mètres de la cavité, facilite le stationnement d'un ou deux véhicules mais guère plus. De là, suivre la RD sur 150 m environ en direction de Bugarach pour trouver, sur la gauche, un discret sentier un peu raide qui descend dans les buis jusqu'à l'entrée de la grotte.
 

A noter qu'une aire de plus grande surface est possible bien plus loin, à environ 1km de la cavité côté Camps sur Agly, pour le stationnement.

 

Compter environ 20 min d'approche pour 40 min de visite.   

 

 

 

Equipement

 

Frontale, casque et bottes selon la période 'notamment fin du printeps, début d'été).  

Matériel de plongée pour passer les siphons.

 

 

Topographie 

 

 

Le fleuve de l'Agly, qui a formé les gorges de Galamus, prend sa source dans une grotte située en contrebas de la route départementale D14 reliant Camps sur Agly et Bugarach, 2 km avant le col du Linas. Cette source, pointée sur carte IGN, est une grotte pénétrable sur plusieurs dizaines de mètres lorsqu'elle est en partie asséchée l'été. Hors période d'étiage, elle présente un débit important rendant son exploration impossible du fait de la mise en charge de sa galerie accidentée.

 

À noter qu'il s'agit de la source du second plus grand bassin versant des Pyrénées Orientales, après celui de la Têt, qui possède une superficie de 1077 km2. Le fleuve qui y nait parcourt ensuite près de 81,7km, rejoint par plusieurs affluents (le Verdouble, la Boulzane, la Désix, le Maury) avant de se jeter dans la mer Méditerranée entre les communes du Barcarès et de Torreilles.

 

L'entrée de la grotte, assez grande, se situe sous la RD14. Hors période d'étiage, il s'agit d'une rivière en eau de débit plus ou moins important. En étiage, la galerie courbe, succédant tout d'abord sable et galets, débouche rapidement dans une grande fissure N6S de 90 m environ. Cette dernière comporte une galerie supérieure d'environ 50 m (fissure plus étroite obligeant à un déplacement en opposition) et une galerie inférieure qui bute rapidement sur deux siphons en zone de gros blocs effondrés.

Au-delà des siphons, la galerie devient spacieuse (12 x 1.4 m) et débouche dans un couloir de 8 m de haut, de 80 m de long et de 12 à 15 m de largeur. Son plafond est rigoureusement plat. Ce couloir, dont le sol est recouvert de gros blocs et de strates effondrés du plafond, se termine sur un talus marneux à +7m. Sous les blocs se présente un troisième siphon plongé sur une vingtaine de mètres jusqu'à un talus de sable blanc.

Jusqu'aux premiers siphons, la cavité se développe dans des calcaires du Coniacien. La dernière partie est creusée dans une ' enclave ' gypso-calcaire du Muchelkalk (calcaire coquillier composé de couches tantôt calcaires et tantôt marneuses) où de fines aiguilles de gypse tapissent les talus marneux.

 

Auteur : CSD 11

Auteur : CSD 11

Historique

 

Connue de longue date, la grotte est explorée jusqu'au premier siphon par l'ESR en 1960 avant d'être visitée par le GEK qui plonge le siphon sur une dizaine de mètres la même année avant de renoncer. Après une tentative de pompage qui échoue en 1973, le GEK parvient à franchir l'obstacle avec les mêmes moyens qu'en 1979 et explore ainsi la galerie post-siphon.

 

 

Bibliographie

  • H. Salvayre - Compte-rendu des observations hydro-spéléologiques réalisées au cours du pompage de la rivière souterraine de l'Agly - Rapport interne du GEK n° 14, 1979.

  • H. Salvayre - Spéléologie et Hydrogéologie des massifs calcaires des Pyrénées Orientales, Conflent - 1977, p. 48 - 49

 

Remarques

  

Ne pas s'aventurer dans la grotte si des orages sont annoncés ou si la source coule dès l'entrée (nombreux trous et sol très accidenté dangereux en eau). Préférer visiter cette cavité qu'en été avant les classiques épisodes orageux de la fin août. Le niveau d'eau et le débit peuvent s'élever très vite.

 

A noter que nous avions déjà rendu visite à cette cavité début avril 2018 après un mois sans pluie. La source coulait sérieusement en sa résurgence rendant la cavité impraticable. Nous sommes donc revenus le 15/08/18 où, la résurgence effectivement asséchée, nous a permis d'initier la visite. Toutefois, malgré l'alerte sécheresse départementale initiée depuis le mois de juin, la source n'était pas aussi basse que prévue dans la galerie. Etonnamment nous avons trouvé l'eau très rapidement et bien avant le premier siphon, dès la grande fissure. Le niveau d'eau étant trop haut, nous n'avons pu explorer qu'une centaine de mètres.

 



08/06/2019
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